Dans sa gestion de la politique monétaire, «la Banque centrale de Tunisie s’est trouvée dans un dilemme, à savoir comment maintenir la stabilité des prix, sa mission prioritaire selon les nouveaux statuts de 2016, face à la quasi-incapacité de défendre le dinar sur le marché des banques, compte tenu de la relative faiblesse du niveau des réserves de change. Or, laisser filer le dinar est la source majeure du dérapage inflationniste, par le canal du renchérissement des prix importés», indiquent les experts dans le livre bleu de l’initiative Econ4 Tunisia.
Cet ouvrage met l’accent sur le durcissement de la politique monétaire de la BCT concernant l’augmentation du taux directeur alors que l’économie est encore en phase de convalescence, comme le montrent les faible taux de croissance enregistrés au cours du premier semestre de 2019 (1,1% en glissement annuel). Ceci a poussé les opérateurs économiques à dire que cette politique a atteint ses limites en matière de maîtrise de l’inflation, «laquelle trouve son origine dans les facteurs non monétaires. Cette politique a plombé davantage le recul de l’investissement privé dans un environnement économique et politique instable et incertain».
Ils estiment, par ailleurs, que la BCT devrait s’orienter vers une approche non conventionnelle de la politique monétaire afin de permettre l’investissement en marche, notamment pour les petites et moyennes entreprises qui sont les plus affectées par la difficulté d’accès au financement.
Repenser le rôle de la BCT
Dans le livre bleu de l’initiative Econ4 Tunisia, on insiste sur le rôle de la Banque centrale de Tunisie qui doit être repensé à travers une conduite nouvelle dans la gestion de la politique monétaire. Son objectif premier étant la stabilité des prix. Un ensemble de mesures a été proposé par les experts économiques relatives à l’utilisation d’opérations ciblées de refinancement à long terme des banques qui appuient l’activité des PME. L’instrument de la politique monétaire non conventionnelle permet ainsi de pallier le faible financement des PME.
Il s’agit également de renforcer la politique micro-prudentielle de l’autorité monétaire par une politique macro-prudentielle, consolider le rôle de la BCT par l’introduction d’un marché obligataire secondaire et améliorer sa stratégie de communication.
Ces mesures permettront de «mieux canaliser les liquidités reçues par les banques vers les PME les plus lésées en matière de financement bancaire et serviront à financer l’économie réelle de manière efficace».
À ceci s’ajoute la modernisation de la politique monétaire associée à la dynamisation d’un marché obligataire secondaire qui permettra de consolider et de renforcer la crédibilité de la BCT.